Τρίτη 9 Απριλίου 2013

Habib Tengour, Le Kremlin-Bicêtre 1er avril 2013



Lettre à Nauplie
J’aurais aimé participer avec vous à l’atelier consacré « au théâtre, à l’art et à la littérature francophone ». En ces temps troublés pour nombre de pays du pourtour de la méditerranée, une réflexion autour du théâtre prend tout son sens. C’est en Grèce qu’est née la tragédie pour aider l’homme à affronter le chaos et à poursuivre seul un chemin incertain. Je suis heureux, et je vous en remercie, qu’à Nauplie des professeurs et des étudiants examinent cette littérature francophone encore balbutiante. 
A la vérité, le terme de francophone me dérange à cause des sous-entendus et non-dits qu’il véhicule. Il n’y en a malheureusement pas d’autre pour désigner toute cette production en langue française en marge de l’hexagone. Pour moi, écrire en français relève de conditions historiques indéniables ; je m’en suis accommodé et j’ai fini par écrire un français qui sonne arabe sans pour autant déroger à la syntaxe ni à la prosodie de la langue. Cela n’a pas été sans un travail acharné sur l’écriture.
Jeune lycéen, j’ai commencé par écrire du théâtre. La tragédie grecque me fascinait, et quelle ne fut ma surprise en découvrant qu’un Algérien utilisait déjà la technique dramaturgique d’Eschyle : Le Cercle des représailles de Kateb Yacine me laissa pantois !
Mostaganem, ma ville natale est connue pour abriter le premier festival de théâtre amateur du pays. Elle a donné naissance à Kaki Ould Aberrahmane (1934-1995) que l’on peut considérer comme le père fondateur du théâtre moderne algérien. Nous sommes nés dans le même quartier populaire de Tigditt. A l’été 1964, je lui avais montré les pièces que j’écrivais à l’époque, imitées de Camus, Beckett et Ionesco, l’ère était à l’absurde. Je le revois me dire que mes pièces étaient trop bavardes et statiques. Que le théâtre était mouvement et tension dramatique de situation par delà les mots. Que le théâtre s’adresse à un public et qu’en Algérie il fallait lui parler en arabe dialectal pour l’intéresser. Ce qui stoppa mon enthousiasme juvénile. Il disait vrai et cela me fit réfléchir.
Ce n’est qu’en 1994, avec la complicité d’Alain Rais (1932-2011), que je m’y remis. Nous travaillâmes ensemble à l’adaptation de mon « roman » L’épreuve de l’arc, jouée au théâtre de l’Essaïon, à Paris, puis en 2009 au montage de Traverser, joué au Lucernaire, à Paris. Il me redonna le goût d’écrire pour le théâtre en m’initiant au métier de la scène et en me faisant comprendre la distinction entre langue théâtrale et parlers nationaux.
Aujourd’hui, j’ai plusieurs pièces en chantier et tente de relever le défi !
Je souhaite plein succès à vos journées.


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